Partie 5
Je suis seul. J’espérais ne plus jamais l’être. Je suis sorti de la ville. Dans cette campagne déserte, je vis désormais dans une espèce de remise minuscule. Par chance, j’ai une fenêtre. Mais je ne suis pas serein. Même s’il est facile de faire le tour du cabanon pour m’assurer de ne rien voir à l’horizon lointain, cela fait des jours que je n’ai vu aucun d’eux.
Je suis inquiet. Ils pourraient venir à n’importe quel moment. Je m’efforce donc de rester sur mes gardes mais je me sens fatigué. Je suis épuisé de cette lutte qui ne mène à rien, de cette fuite qui ne fait que retarder l’échéance de ma mort prochaine et inévitable.
Au loin, je vois le brouillard qui approche. Peut-être que ce sont eux qui arrivent. Bientôt, la ligne d’horizon est raccourcie. Un vent frais balaye mon visage usé, marqué par mon combat. Je ne vois plus d’arbres qui servaient à délimiter les champs alentours. Le brouillard est là, partout. Il est à mes pieds. Il m’engloutira bientôt. Et je n’entends pas un son. Seulement mon souffle qui se fait de plus en plus court et le battement devenu irrégulier de mon cœur meurtri.