Partie 5

Il secoue la tête et se met à bailler. Steven l’imite. Il est tard. Ou plutôt, il est tôt. Très tôt. Enfin très tard. Enfin bref, minuit est largement passée. Le volatile grisonnant saute au bas du banc et commence à s’éloigner. Il s’arrête un instant et tourne sa tête vers l’homme.
– Tu viens ? J’aimerais retourner sur mon toit, j’aurais besoin qu’on m’ouvre les portes.
– Oui, bien sûr.
Joël se lève et les deux âmes solitaires rejoignent les rues toujours bondées de noctambules. La ville ne dort jamais. Ils remontent l’immeuble. Steven est porté par Joël après être parvenu difficilement au premier palier. Une fois en haut, l’homme s'assoit, adossé au muret qui borde le toit. Steven, blotti contre lui, le couve de sa douce chaleur. L’humain sent qu’il n’a besoin que de ça pour survivre à la fraîcheur de la nuit. Ses paupières alourdies se ferment petit à petit. Puis, lentement mais sûrement, Joël s’endort. Le petit cœur du pigeon bat contre le sien. Rythme lent et doux d’une mélodie inaudible et pourtant présente malgré le brouhaha de la sombre cité.