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Partie 3

Partie 3

Arrivés en bas, le bruit assourdissant de la vie nocturne de la ville les frappe de plein fouet. Étourdis, Joël s’avance et traverse la rue qui le sépare du Night’s Spirit. Un vent cinglant siffle à ses oreilles, le rendant presque sourd. La foule pressée le bouscule sur le passage alors qu’il garde Steven blotti contre lui pour le protéger. Enfin, il atteint les portes qu’il passe sans difficulté. Personne ne remarque le pigeon. La musique, qu’il entendait bien avant son arrivée dans la discothèque, perce ses tympans, mais il n’y fait déjà plus attention. La chaleur étouffante de la boîte de sardines où ils se trouvent ressemble à de la mélasse dans laquelle ils ont du mal à se mouvoir. L’homme joue des coudes pour se frayer un chemin jusqu’au bar. Sa progression est compliquée par l’obscurité et l’assemblée compacte qui règne en ces lieux. Soudain, la musique change et petit à petit, les gens s’écartent, rejoignant la piste de danse. Le dernier tube du DJ le plus en vogue fait fureur. Joël prend place sur un bord du comptoir alors que Steven se pose dessus et commande un Vampiro. Les deux compères observent les danseurs et surtout les danseuses sveltes qui se déhanchent sous les lumières des projecteurs. Leur visage est rouge, puis vert, puis bleu, puis jaune. Les fins plis de leur robe trop courte sont bleus, puis roses, puis oranges… Ces nymphes tumultueuses sont bariolées de mille et une couleurs sans jamais s’arrêter sur aucune. Joël se sent défaillir tant elles tournoient sous ses yeux. Le monde tournoie avec elles et il semble être le seul à être encore statique. Steven aussi ne bouge pas. Puis, il bat des ailes. Il bat le rythme de l’affreuse mélodie et chante, accompagnant la voix cassée de l’enregistrement.
« On-on plane au cœur d’un-un orage ! Mai-ais ! On-on peindra des mer-merveilles ! Et on-on transpercera les nu-nuages ! Ces-es cataractes du ci-ciel !”
Finalement, l’homme ne tient plus, il bascule en arrière, prêt à s'effondrer sur le sol mais l’oiseau l’agrippe. Il se redresse, quitte son siège et la boîte de conserve qui a perdu toute fraîcheur. Ils retrouvent l’air perçant de la nuit et son souffle gifle les joues rosies par le choc thermique de Joël. Steven fait gonfler ses plumes autour de lui pour garder un peu de sa chaleur.

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