Le Temple de la Vie

Dans une contrée fort lointaine, presque inaccessible, est apparu un peuple. Ces êtres ont grandi, ont évolué. Ils ont bâti un temple. À chaque cycle, ils soignaient leurs fleurs pour en faire offrande. Patients, ils attendaient que la divine pluie s’abatte et que de l’une de ces fleurs se forme un fruit. Mais elle ne venait pas. Ils brûlaient alors leurs champs, laissant la rivière emporter les pétales rouges vers l’ailleurs. Des lunes, s’il en était par-delà la brèche, passèrent, et inlassablement, le rituel perdurait.
Un jour, le ciel s’assombrit et le tonnerre gronda. L’eau claire du ciel divin semblait arriver. Mais il n’en fut rien. Un voile opaque recouvrait la vallée et aucune goutte ne toucha le sol fertile. Désespérés, les habitants s’effondrèrent sous ce ciel nocturne. Un orage sans pluie, leur dieu était-il en colère ? Puis l’aube arriva de nouveau, et le cycle recommença. Brisant une fois de plus leurs plantes desséchées, ils les jetèrent de la rive. Et ainsi des années passèrent, où la voûte devint noire mais où aucun liquide n’abreuva les terres.
Mais le miracle tant espéré arriva enfin. Le temps pluvieux se fit et tomba à grand flot sur les fleurs rouges éclatantes de vie. Et quand la mousson fut passée, on observa avec attention les champs. Puis, on y remarqua une naissance, minuscule. Alors le fruit fut ramassé et mené en haut du temple, afin de grandir, encore et encore.
La vie immense écrasait la vallée de par sa taille alors la terre s’ébranla et le monde se déchira. Le fruit mûr sortit, quittant la contrée pour rejoindre le ciel du grand dieu. Soulagés d’être parvenus à produire un tel exploit, les fervents disciples se préparèrent à nouveau, ils s’apprêtaient à débuter un nouveau cercle de culture. Et les lunes s’enchaînèrent encore, et il y eut d’autres réussites et tant d’autres échecs.
Mais un jour, la vallée se trouva vide. Peu à peu, chacun désertait ou mourrait. Les fleurs fanaient avant même d’éclore. Puis, il n’y eut plus rien.