Entre été et hiver

C'était un dimanche de juin, la journée débutait tranquillement et le soleil se levait doucement dans la vallée. Les enfants sortaient des maisonnettes tout émerveillés de cette belle journée qui s'annonçait. Ils étaient suivis de près par leurs parents qui allaient travailler. Les personnes plus âgées sortaient aussi et s'installaient sur une terrasse, sur un banc, plus souvent à l'ombre qu'au soleil.
Les enfants allèrent donc jouer gaiement dans les jardins fleuris. Ils cueillaient quelques fruits joliment mûris qu'ils croquaient à pleines dents. Le jus coulant autour de leur bouche était collant. Ils allaient alors à la rivière pour se rincer le visage. Émerveillés par la fraîcheur de cette eau, ils commencèrent à s'en envoyer par-ci, par-là et ainsi commença une bataille d'eau générale. Ils n'avaient cependant pas prévu que certains des grands-parents se trouveraient là et ils furent touchés par leur combat. Ces vieilles personnes au regard épuisé avaient tout de même gardés leur âme d'enfant et, prenant un récipient qu'ils avaient à portée de main et le remplissant d'eau, ils arrosèrent les enfants. La bataille d'eau dura toute la matinée : enfants et grands-parents furent trempés, aucun repli de vêtements ne fut épargné.
Alors que midi sonna, chacun rentra se changer avant d'aller manger. Les parents arrivèrent ensuite. La grande table était prête. Il s'agissait en vérité de plusieurs tables rassemblées dans le jardin des roses et des tulipes -le plus spacieux des jardins- afin que tous puissent venir s'y asseoir et qu'ils mangent tous ensemble. Tout ce petit monde ainsi réuni discutant et riant dans cette atmosphère conviviale put ainsi manger à sa faim. L'après-midi commença par le départ des adultes qui allèrent travailler de nouveau. Petits et grands restant étaient encore fatigués de leur matinée et, le bon repas et la chaleur de ce début d'après-midi les engourdissaient. La plupart partirent donc faire une sieste à l'ombre d'un grand arbre. Allongés sur l'herbe douce et verte, la vie semblait vraiment très agréable. Les autres partirent en exploration dans le voisinage.
Il s'agissait d'un petit groupe d'enfants de 7 à 12 ans composé de trois filles et de quatre garçons. La chef de groupe, une jeune fille de 12 ans et 4 mois, était aussi la plus âgée de cette troupe. À sa suite, les enfants traversèrent un petit cours d'eau et commencèrent à pénétrer dans la forêt environnante. Ils firent un petit tour, retrouvèrent le cours d'eau qu'ils avaient laissés auparavant et le suivirent pour revenir vers les collines. Arrivés à l'orée de la forêt, ils ressentirent tous un frisson. Un vent très froid venait de passer. Les enfants pensèrent alors que c'était un vent qui descendait de la montagne de neige. La montagne de neige se situait non loin de là, elle avait son sommet entièrement recouvert d'un épais manteau de neige blanche qui ne fondait jamais pas même lorsque l'été et la canicule étaient présents dans la vallée.
Ils continuèrent alors leur cheminement jusqu'au sommet d'une colline afin d'avoir une meilleure vue d'ensemble sur la vallée. Ils apercevaient au loin leurs maisons et leur toit brillant sous les rayons du soleil de juin. En plissant les yeux, ils parvenaient aussi à distinguer les silhouettes des dormeurs cachés sous les grandes branches du saule. Alors qu'ils se décidaient à dégringoler la pente, un nouveau vent froid passa près d'eux en les faisait frémir. Ils tournèrent tous leur regard en direction de la montagne de neige. Ils avaient le sentiment d'y être, à cause de ce vent si froid. L'un des plus jeunes explorateurs fit remarquer la présence de taches blanches dans le ciel. La neige commençait à tomber et les flocons grossissaient de plus en plus. Bientôt, toute la vallée fût recouverte de cette matière blanche et froide. La température avait chuté malgré la présence constante du soleil.
Il neigea tout le reste de la journée, certains avaient attrapés froid à force d'être rester dehors, insouciants. Cependant, dès le lendemain, la neige avait entièrement fondue et la chaleur du début de l'été était revenue dans la vallée. Personne ne sut jamais la réelle explication de la présence de la neige en juin mais tous soupçonnaient une chute des neiges de la montagne ou bien un tour malicieux de lutins d'hiver.