Parchemin de la 82ème rue
Elle avait réussi à obtenir un nom, une adresse. Trouverait-elle plus d’indices sur place ? Elle l’ignorait et pressa le pas. La rue principale était noire de monde mais nul ne pourrait arrêter sa détermination ni ralentir sa marche. Étrangement, la foule semblait s’écarter à son approche, si bien que vue du ciel, elle aurait eu l’air d’avoir une aura de vide autour d’elle. Elle s’enfonça dans une ruelle étroite où, très vite, le tumulte de la ville s’évanouit. La petite boutique qu’elle recherchait était fermée depuis longtemps mais un vieillard l’attendait à la porte et la laissa entrer. Elle s’engouffra alors dans une pièce sombre et sale emplie d’une odeur de renfermé où mouraient d’antiques horloges qui avaient, pour beaucoup, cessé leur activité.
“Il travaillait ici, c’était un bon apprenti. Il était doué, regardez, c’est la dernière qu’il a faite.”
Le vieil homme lui tendit une horloge aux aiguilles rouillées. Malgré son piteux état, elle émettait encore le son régulier et familier qui rappelait que le temps avait continué sans elle…
“Combien ?
- Je vous l’offre, le magasin n’a plus de raison d’être.”
Tandis qu’elle regardait les aiguilles de ce précieux souvenir tourner, une larme légère, indistincte, roula sur sa joue. Était-ce la seule chose qu’il avait laissé après tout ce temps ?