Parchemin de la 20ème rue

Dans la grande salle à manger d’autrefois, les meubles d’un temps révolu reposaient sous leur drap blanc.
Une dalle ébréchée raviva sa mémoire. Petite fille, elle avait surpris sa mère, une femme si forte et autoritaire, tremblante devant la porcelaine qu’elle venait de lâcher sur cette même dalle.
À l’époque, la fillette ne comprenait pas ce radical changement d’attitude. Elle avait vaguement fait le lien avec l’absence de Grand-père. Il avait quitté la demeure familiale et sa mère avait dit qu’il était parti pour un long voyage dans des pays étrangers.
Les yeux toujours rivés sur la dalle, l’enfant devenue adulte se souvint des yeux rougis de sa mère. Le doux mensonge d’un parent à son enfant.
N’est-il pas d’autant plus douloureux lorsque l’on découvre la triste vérité ?